La complexité humaine

" Je tiens impossible de connaître les parties sans connaître le tout, non plus de connaître le tout sans connaître les parties…" (Pascal

Sans doute afin de baigner dans une illusion de toute puissance et de maîtrise de la nature et de l’humain, le mouvement général du XXème en occident, et des sciences notamment, a été de cloisonner les disciplines. Ce paradigme, s’il a eu l’avantage de permettre de spectaculaires avancées scientifiques et technologiques, présente l’inconvénient de simplifier au point de réduire ou de segmenter, tout en occultant la vision d’ensemble et le contexte.

Complexus : ce qui est tissé ensemble. Le mot « complexe » – du latin complectere: embrasser – est le contraire de simple, puisqu’il renvoie à l’idée d’éléments divers.

Comprendre la complexité suppose avant tout un changement d’état d’esprit particulièrement fécond qui ouvre une perception plus globale, plus écologique et plus efficace.

 

N’est-il pas temps, en effet, de réconcilier les savoirs et jeter des ponts, d’établir des correspondances entre des disciplines qui jusqu’ici refusaient de communiquer entre elles ? Il reste, sans doute, que la pensée complexe est moins une recette magique qu’un défi à affronter.

 

Edgar Morin, sociologue et philosophe des sciences (C.N.R.S.) a consacré une partie de sa vie à créer la méthode de la complexité dans le souci d’une connaissance ni mutilée ni cloisonnée, qui puisse respecter l’individuel et le singulier tout en l’insérant dans son contexte et son ensemble.

« Croire que la partie peut être séparée du tout est réducteur. » Edgar Morin

Il n’est pas question ici de décrire sa méthode, ni d’être exhaustive, mais simplement de lancer une réflexion qui pourra être approfondie en lisant le livre d’Edgar Morin, « La complexité humaine ».

Pour le moment, revenons un instant à notre nature humaine

D’un point de vue physique, nous sommes constitués de molécules, assemblages d’atomes de carbone, d’oxygène… fabriqués au cœur des étoiles.

Biologiquement, nous appartenons à l’espèce humaine, produit d’une rencontre amoureuse, notre identité est créée à partir d’une recombinaison de gènes.  1+1 = 3 !

Nous sommes un maillon de l’écosystème, à la fois autonome ET interdépendant.

Témoins éphémères du temps qui passe, nous sommes une minuscule partie d’une société, issus d’une ou plusieurs cultures.

Nous appartenons également à une famille et à une lignée.

Corps physique sensible composé d’organes et doté de perception, de capacités de raisonnement et d’un système de croyances, nous disposons du langage et communiquons.

Nous sommes traversés par des émotions et façonnés par nos expériences.

Nous avons des aspirations, des désirs et cherchons à donner du sens à nos vies…

Bref nous sommes des êtres complexes !

 

« Une logique isolée n’est pas logique » Boris Cyrulnik

Comment, alors, accompagner un humain en n’accompagnant qu’un petit bout de lui-même ? Nous pensons que l’individu doit être pris en compte dans ses multiples dimensions.

Relier nos différentes facettes, les accorder, optimiser leurs articulations, voilà l’invitation. « Intégrer des fragments de nature humaine dans la nature humaine « , pour reprendre les mots de Morin.

Concrètement, pourquoi ne pas envisager la complémentarité de nos parts ou de nos polarités plutôt que de les  concevoir de façon isolés, séparés et parfois même antagonistes ? 

Les êtres humains, comme la société, pour ne citer que ces exemples, sont des systèmes complexes. Il existe des lois générales communes, transdisciplinaires, régissant les systèmes complexes et fortement interactifs, qu’ils soient physico-chimiques, biologiques, écologiques, économiques, sociaux, cognitifs, naturels… Ces lois sont essentiellement de nature relationnelle.

Un système est une combinaison d’éléments dont la

réunion forme un ensemble. Une analyse en termes de système part de l’hypothèse selon laquelle la totalité possède un degré de complexité supérieur à celui de sous-systèmes qui la composent. De plus, dans tout système complexe, les différents éléments sont en interaction et sont interdépendants.

 

Pourquoi parler ici de la complexité?

Embrasser notre complexité humaine est tout simplement un levier de transformation…

Au contraire, ne pas tenir compte de notre complexité comporte des risques. Surexploiter une partie de soi (le mental par exemple ), oublier de tenir compte des différentes parts qui nous constituent, etc…

Résultat : la perte de l’harmonie d’ensemble résultant en un déséquilibre menant par exemple à l’épuisement psychique. Une portion croissante du monde occidental est d’ailleurs en état de burn-out…

Si  nous apprenions au contraire à créer une alliance avec les différentes parties de nous-même ?

Comment s'appuyer sur sa complexité pour se développer?

  • relier nos parts pour observer la réalité plus vaste qui émerge à leur rencontre
  • les accorder entres elles en prenant le temps d’écouter chaque part et en les faisant dialoguer
  • optimiser leur articulation en apprenant à les activer au bon moment, chacune ayant des qualités complémentaires (ex: mon coeur choisit, ma tête exécute)

Pour faire de sa complexité un levier de transformation, c’est par ici.

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