Pour reprendre les mots d’Edgar Morin, la contradiction « a quelque chose d’embarrassant, de dérangeant pour les occidentaux que nous sommes, elle est contraire à la logique que nous apprenons depuis le berceau ». Noir ou blanc, gentil ou méchant….
Et si les contradictions n’étaient pas de réelles contradictions ?
Ying yang heurte toutes nos habitudes de pensée et nous conduit à une compréhension plus subtile du monde en rendant fécondes ces contradictions contre lesquelles nous butons chaque jour.
Cette unité changeante, ce mouvement incessant ce dit en un seul mot Ying Yang.
Yin Yang, un système de pensée
Basé sur l’observation du fonctionnement du vivant, le Tao, les Chinois généralisent (dernier millénaire av JC), « la pensée par 2 » dont Ying Yang est l’emblème.
Le système Ying Yang nous rappelle que toute situation a toujours 2 aspects. Un jour, par exemple, est toujours constitué d’une journée et d’une nuit. La journée est à la fois le passé et le futur de la nuit.
Dans son livre Ying Yang, livre dont cet article est largement inspiré, Cyrille Javary nous explique que dans leur sens concret originel, Yin signifie « ubac », le versant d’une montagne exposé au nord, et Yang « adret », le versant exposé au sud. Comme les deux versants d’une même montagne, il ne peut pas y avoir l’un sans l’autre.
De la contradiction à l’harmonie
Certes, Yin et Yang ne sont pas semblables. Pour autant ce ne sont pas des entités contradictoires ni des qualités opposées mais bien deux aspects d’une même situation. Un couplage indissociable qui oscille en permanence de l’un à l’autre. Yin marque, par exemple, un début d’orage, Yang sa fin.
Dans l’esprit chinois, la contradiction ne se pense pas comme une opposition mais comme une harmonisation, celle de l’usage conjugué, en fonction du contexte, de ses 2 composantes.
De la vision statique à la vision en mouvement
Le second principe de Yin Yang est le mouvement : tout change tout le temps. Autrement dit, une chose peut être à la fois une et son contraire. Tout dépend du moment et de l’endroit depuis lesquels on l’observe.
Les occidentaux ont largement tendance à figer, arrêter la dynamique du vivant. Or une contradiction n’est qu’un moment dans un processus en constante évolution, un arrêt sur image, qui bloque la situation.
« Alors que la science occidentale n’a longtemps juré que par l’analyse, c’est-à-dire la décomposition du réel en éléments simples et isolés, Ying-Yang ouvre à une lecture des processus dans leur globalité ce qui est particulièrement fécond dans l’approche des phénomènes vivants », Edgar Morin.
On ne peut attribuer de genres à Yin Yang. Comme le dit Javary, « on lit trop souvent : « Le Yin est le principe de l’ombre, du froid, de la féminité. Il invite au repli, au repos, voire à la passivité. Le Yang est le principe de la lumière, de la chaleur, de la masculinité, il invite au déploiement des énergies, à l’activité, voire à l’agressivité. » Yin Yang ne sont ni des attributs ni des sexes. Ce sont des stratégies, des manières d’agir, des vecteurs du changement. « Les figer en en faisant des qualités ou des états, c’est oublier le mouvement d’oscillation constant qui les définit. Car chaque être vivant est en même temps et successivement Yin Yang. Yin n’est pas « le » froid, mais le refroidissement automnal. Yang n’est pas « la » chaleur, mais le réchauffement printanier. Pour bien comprendre Yin Yang, il faut employer des verbes d’action, pas des noms ni des adjectifs. Yin est ce qui stabilise et nourrit, Yang ce qui dynamise et pousse à changer. Yin ce qui défend, Yang ce qui attaque. Yin ce qui mène à terme, Yang ce qui enclenche. Yin ce qui intériorise, Yang ce qui extériorise. »
Le système Ying Yang est intéressant à bien des égards.
Il ouvre tout d’abord la voie à une perception plus globale, plus écologique de nombreux domaines, en particulier ceux qui sont faits d’interdépendance, d’opposition et d’engendrement.
Il invite notre imagination à faire naturellement surgir les contraires pour faire naître les couplages indissociables, à chercher les liens, à envisager les correspondances et enfin à appeler les contraires à s’unir afin d’établir des rapports qui, dument observés, finirons par s’organiser en schéma cohérents. De même que l’équilibre de la bicyclette ne tient qu’à son mouvement, l’harmonie nait de la rencontre de mouvements de directions opposées. Concrètement il s’agit de tisser la coopération entre nos polarités pour cheminer vers l’équilibre.
Il nous rappelle à juste titre la notion dynamique du vivant, « une union créatrice en perpétuel mouvement et retournement ». Ainsi, ce qui compte est moins la réalité momentanée que la tendance. En effet, Ying Yang, ouvre la possibilité de voir plus loin que l’état ponctuel de la situation, de percevoir la dynamique qui y est à l’œuvre alors même qu’elle est encore loin d’être manifeste. Il nous rappelle ainsi que nous sommes des êtres évolutifs… Notre identité est en perpétuel mouvement… Nous sommes des êtres en perpétuel devenir… « Au cœur de chaque moment d’une structure évolutive, il y a toujours quelque part l’existence non de son contraire mais plutôt de son futur ». Comme une graine appelée à GRANDIR…
Pour tisser la coopération entre vos polarités, c’est par ici.